27 décembre 2008
Du 9 au 12 décembre dernier nous avons présenté L'Effet de Serge, un spectacle de Philippe Quesne / Vivarium Studio.
Le mardi 9 décembre au matin, le metteur en scène rencontrait une partie des étudiants de l'Ecole des beaux-arts. Résultat de ces trois heures d'échange : chaque soir un étudiant devenait un ami de Serge invité à assister à un spectacle d'une à trois minutes donné dans son appartement.
Le jeudi 11 décembre, à la suite de la représentation, le Vivarium Studio conviait les étudiants, des spectateurs, des amis à venir paratger des pizzas dans le décor du spectacle. Une soirée clin d'oeil à découvrir.
Le prochain spectacle La Mélancolie des Dragons vous sera proposé du mardi 31 mars au vendredi 3 avril.
16 décembre 2008
Chemins croisés…
Après quelques semaines de déambulations au fil des spectacles et des rencontres la toile se tisse. Sujets, approches, ressemblances mais aussi certaines distances critiques se dessinent. Les liens se nouent, avec un vrai coup de cœur pour une rencontre ces derniers jours, avec Cyril Teste, véritable bol d’air frais.
Sur une proposition de celui-ci, nous devions esquisser mon portrait, exercice nourri de l’angoisse de dévoilement trop intime donc teinté de retenue, souvent détourné par un trop traditionnel portrait chinois. La démarche de Cyril est beaucoup plus douce, pas de tableau "excel" de la personnalité, juste un moment de vie au fil duquel se constituent les liens avec d'autres "endroits" de ma vie, de ma personnalité... mais aussi de la sienne... et de l'ami Pierre qui nous enregistrait !... Partis donc pour un portrait miroir, reflets de personnalités pleines de similitudes !
Sam 22 nov lieu unique 22h // Dès les premiers échanges (ne nous connaissant absolument pas alors) nous nous sommes découverts un ennemi commun, ce qui de fait amorce assez bien la rencontre. Abordant le sujet de la standardisation de notre société, donc de son appauvrissement culturel, nous nous sommes naturellement croisés sur un archétype commun : un groupe français polymorphe, d’un côté chaîne de télévision nationale qui se targue en juillet 2004 de «vendre à Coca-Cola du temps de cerveau humain disponible» et de l’autre géant du béton en gros, à faible architecture mais à forte plus value…chacun de nous s’opposant sous son angle au même démon. Le ton du portrait croisé est alors donné et l'on remercie d'ores et déjà les personnes qui ont eu l'idée de ces rencontres entre des gens de scène et leur public. Quelques verres en conversant principalement sur ce sujet, en l’élargissant à une globalisation voulue par ces groupes omni-présents, et rendez-vous est pris pour le lendemain matin (à 13h:)....
Dim 23 nov marché Talensac 13h // Quelques huîtres, tranches d'andouillette, de saucisson et un verre de muscadet, le portrait reflet reprend au coin du zinc... rassurés, la culture populaire n'a pas disparu et nous allons passer notre journée à la vivre. Les clients du café comme le patron s’intriguent de ce que nous enregistrons, veulent y participer et y participent en effet. Quelques photos dans le bar, dans le marché qui s'est vidé, battement de ville au ralenti, la pluie commence à tomber et nous avons décidé d'aller sur les rails de l'île de Nantes, en cours de métamorphose... mi-métalo, mi-Disney park. Nous quittons donc le marché après un clin d'oeil sur une laverie, nouveau centre d'intérêt commun de par les croisements qui s'y produisent. Je parlais quelques jours avant avec un ami d'une laverie qui serait aussi cantine grand-mère où chacun profiterait de l'obligatoire lessive pour faire ripaille en bonne compagnie... Un passage chez moi le temps d'un café puis, le pas lourd sous la pluie et sur les vélos, nous prenons la direction des rails vers la pointe ouest de l’île nouvellement rebaptisée « de Nantes »… on en doutait !
Dim 23 nov Ile de Nantes 18h // Sur place l'ambiance un dimanche soir de pluie, à la nuit tombante, est totalement celle espérée. Entre chantiers et néons flambant neufs, ces voies ferrées imprimées dans le sol du passé se croisent et s’enfuient. Mouillés jusqu’aux os, protégeant l’appareil sous la veste, nous captons à nouveau quelques clichés en remarquant au passage un petit signe du hasard : nos trois âges respectifs peints de toute hauteur sur les hangars ! Frigorifiés, nous finissons cette journée au chaud autour d'un verre de vin, rouge cette fois, à refaire le monde à nouveau.
Lun 24 nov agence d’architecture forma6 10h // Pour finir les quelques jours d'échange, Cyril et Pierre passent le lundi matin à l'agence : belles rencontres une nouvelle fois de deux scènes, architecturale et artistique, parallèles et croisées... Les gens qui m'entourent apprécient l'échange et viendront pour certains voir Electronic City les jours suivants... avec quelques questions qu'ils réservent à Cyril.
Lun 24 nov 13h // Fin d'un parcours début d'une aventure, en fait nous allons continuer de nous voir et d'échanger...
3 décembre 2008
1 décembre 2008
Samedi 22 / 11h–13h et 14-17h
Atelier d’écriture avec Ronan Chéneau. La matinée commence par des lectures de différents textes puis l’après-midi Ronan nous propose un exercice d’improvisation à partir des textes écrits le matin.
Nous sommes profondément touchés par la générosité de toute l’équipe et du cadeau que nous a fait David en nous invitant à participer à « Cannibales ». Sa confiance, l’attention de toute l’équipe à notre égard et leur grand professionnalisme. Nous tenons à remercier l’équipe du lieu unique, Corinne Gaillard, Karine Bellanger, David Bobee, Ronan Chéneau et toute l’équipe des comédiens. Cette expérience est pour nous incroyablement formatrice dans notre parcours d’apprentis comédiens.
Marie et Elise
Pour faire suite au travail mené par le metteur en scène David Bobee, les élèves du Conservatoire d’art dramatique, ont suivi un atelier d’écriture proposé par l’auteur Ronan Chéneau. A découvrir : deux textes écrits pendant cet atelier.
Le texte de Salomé
voici le texte que j'ai lu lors du travail avec Ronan :
"Ici seuls sont libres ceux qui sont libérés de l'argent, libérés des pensées de l'argent, parce que les pauvres
non, les gens,
pensent à l'argent,
mais les riches touchent l'argent, ils n'y pensent pas,
ils le touchent,
ils touchent de l'argent, et après ils touchent des Rolex et des jets privés.
Le jet privé emmène la riche à Ibiza sur le bateau que touche un autre riche :
lui touche le bateau,
elle touche la Rolex,
il touche la robe Dior,
elle le touche,
ils se touchent.
Le paparazzi retouche la photo,
la rédactrice de Voici qui voit ici la photo,
la rédactrice qui dit "on touche du lourd là Jean-Pierre !",
la rédactrice qui pense toucher les pauvres
non, les gens,
avec la touchante histoire des touchés du yacht de "Touche-ma-Rolex" à Ibiza,
"ça a l'air Olé-olé Ibiza !" lance Robert à sa femme Robert sur le canapé cuir,
(l'argent touché par Robert et Roberte égale canapé dans 10 ans par crédit)
Robert qui lit Voici sur le canapé et Roberte qui fixe la bière de Robert au dessus du canapé cuir,
Roberte qui fixe la goutte de bière au menton de Robert qui tourne la tête pour lui parler de l'histoire des toucheurs dans Voici à Ibiza,
la goutte qui tombe sur le canapé cuir,
et l'arrêt cardiaque de Roberte qui...
Pendant ce temps à ToucheLand,
Chloé de Touche-Machin-Darty-Bouygues FD (Fille De)
achète comptant un lot de quatre canapés cuir pour meubler son salon dans son nouveau T-11,
et devant le vendeur baveur toucheur de 4-fois-Robert&Roberte en un seul chèque,
Chloé de Touche-Machin-trois-petits-points touche les canapés cuir,
et de son grand sourire blond Chanel :
"J'espère qu'il est champagne-proof !"
Et encore merci pour ce stage, c'était formidable.
à bientôt!
Salomé
Le texte de Lola
Toi, tu sais tout des richesses du monde, tout des endroits fabuleux, petits recoins pittoresques et inaccessibles aux yeux des autres, inaccessibles aux pieds des autres, inaccessibles aux doigts des autres. Les autres, les innocents. Toi, tu as voyagé, visité, exploré, défloré chaque partie du monde, monde que tu tiens dans tes mains, monde mondain de demain dans tes mains maniérées, manucurées, si bien soignées. Toi, tu vois la vie se vivre sous tes fenêtre, vie vivante, vivier de vendus parvenus prêts à tout pour venir au sommet s’endormir sur nos têtes courbées, nos corps cassés par l’effort harassant de se taire, ne rien faire et garde tes sanglots qu’il n’entendent rien là-haut. Ne perturbe pas la paix du sommet qui amasse des sommes. Dernière sommation. Le sommet de ta vie est au sommet du monde mais préserve ton sommeil et rentre dans la ronde, monde rassasié au sourire émaillé qui dédaigne les dindes de la farce qui se plaignent. Ecrase la gueule béante qui crache sa souffrance dans les rues d’une France d’en bas, du caniveau. Toi, replet repu de la chair du pauvre, caché en ton repaire tu repars vers ta paire sans parler aux rebuts. Rebuté, tu te baffres et bois à ma santé, gala de charité, sans bien te soucier de l’avenir , mon avenir non avenant, écrasé, foulé aux pieds des élus de ta société, ta caste vénérée, à peine privilégié, soigneusement sélectionnée. Oui, tu sais tout, tu vois tout, tu connais tout, toi, dans ta jeunesse dorée, parfaite, bien éduqué tous frais payés. Mais moi, est-ce que tu me vois ?
Lola Coipeau.
25 novembre 2008
Le mardi 18 à 18h30, le Café philo de Dominique Paquet autour de la question : Peut-on penser la décroissance ?, fait salle comble. Des militants pour une économie solidaire côtoient des profs, des étudiants et les habituels amateurs de philosophieComment gérer les ressources naturelles, comment mieux répartir les richesses ? Le modèle capitaliste est-il forcément synonyme de croissance économique ? L’homme doit-il repenser la notion de bien-être ? Toutes ces questions et bien d’autres sont soulevées durant 1h30 de réflexions riches et partagées.
Les mercredi 19 et jeudi 20 novembre après-midi, les élèves du conservatoire d’art dramatique de Nantes (2ème année) travaillent avec David Bobee dans le décor de Cannibales. Après un « training » - petit exercice d’échauffement physique, le premier mené par la comédienne et danseuse Séverine, le second par l’acrobate Nicolas – commence le travail de plateau. Parallèlement à cet atelier, David a offert aux étudiants la possibilité de participer en tant que « guest » au spectacle Cannibales. Chaque soir, trois heureux élus se mêlent sur scène aux comédiens et acrobates. Une expérience qu’ils n’espéraient pas et qu’ils vivent comme un cadeau de la compagnie. « Ca nous donne envie de nous taper l’incruste dans tous les spectacles de la saison », disent-ils ! Une idée à développer.
Pendant ce temps, le jeudi après-midi, Ronan Chéneau rencontre les étudiants du Lycée Léonard de Vinci à Montaigu. Ils ont vu le spectacle la veille et accueillent Ronan avec des applaudissements. Dans l’amphi, une centaine d’élèves assistent avec une ferveur et une attention soutenues à l’intervention de Ronan qui leur fait part avec une passion et une sincérité communicatives de sa place d’auteur dans la compagnie et de son étroite collaboration avec David. Il évoque leur rencontre, leur envie commune de faire un autre théâtre où le texte n’est pas au centre mais un élément de recherche, d’expérimentation au même titre que la scénographie, la lumière, la vidéo ou le jeu des comédiens et acrobates. Deux heures plus tard, les étudiants le quittent à regret et nous sommes invités à visiter les ateliers d’arts plastiques, d’infographie, de vidéo du lycée : une véritable ruche. Cette visite nous donne envie de retourner au lycée !Nous retrouverons les élèves en mars prochain lors du spectacle Nos enfants nous font peur quand on les croise dans la rue.
Vendredi 21 novembre10h30 : nous avons rendez-vous au Centre de détention d’Orvault. David, Clarisse, Séverine , Benjamin et Marc vont y interpréter une lecture/concert de Cannibales, à 12h30 dans la bibliothèque.
Petit à petit l’équipe prend possession des lieux :
- Ronan pioche des livres dans les rayons, les feuillette, lit quelques lignes
- David, Clarisse et Séverine, les comédiens, revoient le texte. Annotent, raturent leurs pages
- Rodolphe, le technicien, règle le son, installe deux projecteurs
- Plus tard, David dispose les chaises
- Les musiciens, Marc et Benjamin, s’accordent
- Françoise, qui coordonne les actions culturelles en prison, apporte du café…
12h30 : Une trentaine de détenus prennent place dans la bibliothèque. Françoise présente les comédiens et les musiciens et explique que Cannibales est présenté au lieu unique, dans une forme différente, plus spectaculaire. Clarisse débute la lecture et situe l’action en quelques mots. Alternent ensuite des passages lus, dont certains ne font pas partie du spectacle, et des morceaux musicaux. Dans ce contexte, les propos de Cannibales résonnent tout autrement. Grand silence, peu de réactions. La lecture/concert s’achève et aussitôt les applaudissements se font entendre, puis viennent tout de suite les questions, remarques, impressions. Un détenu fait allusion au livre de Georges Perec « Les choses » qu’il emprunte dans la foulée à la bibliothèque. Très vite, des petits groupes de discussion se forment. Le besoin d’échanger se fait sentir très fortement. Pour conclure, Ronan dédicace Fées et Cannibales avant de les offrir au centre de détention. Puis chacun retrouve sa réalité, son quotidien… Nous sortons, ils restent.
Vendredi soirDernière de Cannibales. On affiche complet. L’équipe commence à ressentir les effets de la fatigue. Ces derniers jours et nuits ont été denses ! Sitôt sortis de scène, les comédiens Clarisse et Yohann rejoignent les autres membres de « Cocktail » invités à se produire ce soir dans le bar pour un concert exceptionnel. Public conquis. C’est drôle, ça ne se prend pas au sérieux. Ils s’amusent à faire semblant et on aimerait bien pouvoir en faire autant !
7 novembre 2008
7 SEPTEMBRE,
Nous sommes à Roubaix pour un stage avec les acteurs de l'Oiseau Mouche, une compagnie d'acteurs professionnels qui a la particularité d'être des comédiens handicapés. C'est assez trash, assez violent pour nous de se confronter aussi brutalement au handicap. Ce qui est troublant c'est qu'ils produisent des scènes des impros souvent très belles ou drôles ou émouvantes sans toujours en avoir conscience. Presque malgré eux. Ca pose assez violemment la question de la responsabilité de l'acteur, de l'instrumentalisation du metteur en scène, du voyeurisme du spectateur. Nous essayons de trouver une place juste et respectueuse pour eux et surtout pour nous. Et là c'est l'éclate. Au final le boulot est passionnant. Cet atelier, c'est en fait l'occasion de rencontrer quatre acteurs qui viendront rejoindre les acteurs, danseurs et acrobates de la compagnie pour la création que nous ferons l'été prochain à Bussang, dans le super théâtre en bois perdu au fin fond des Vosges.
17 SEPTEMBRE,
Nous sommes à Maubeuge. Le Manège (la scène nationale) nous a proposé une résidence de 10 jours pour travailler la vidéo de Nos enfants nous font peur quand on les croise dans la rue la prochaine création de la compagnie sur le texte de Ronan Chéneau. Les capacités du studio vidéo sont incroyables. Nous en profitons pour travailler tout le visuel du spectacle : la scénographie et la lumière. Nous sommes là dans les gradins avec Babi-lumière, José-vidéo, Thomas-plateau en train de nous émerveiller de notre nouveau jouet. En général la scénographie est la première chose qui me vient lors de la création des spectacles. Là c'est le texte de Ronan qui était là en premier. Alors ça nous a pris du temps de penser cet espace. J'aime le résultat auquel nous sommes arrivés. C'est un espace neutre et froid comme je les aime. Un espace urbain, un hall d'attente tout en métal. Un espace d'aéroport, de gare, un centre de transit ou de rétention... Un peu tout ça à la fois. Le sol en métal gris, les murs immenses qui s'entrouvrent et se referment aussitôt, la grille-verrière-vidéo en fond de scène, le tapis roulant d'aéroport au lointain qui fera défiler pêle-mêle des bagages et des gens... Les possibilités de jeu sont grandes. Nous répéterons en décembre ce nouveau spectacle avec les acteurs de Rictus et quatre danseurs Congolais que j'ai rencontrés lors d'un voyage à Brazzaville avec Corinne-administratrice et Ronan. J'ai hâte que ça vive à l'intérieur de cette belle boite.
Nous sommes à Marseille. En même temps que Dedans Dehors David se joue à Paris, nous donnons la performance "Warm" pour le festival Actoral. Nous sommes dans un grand hangar, le CREAC, lieu de répétition du cirque Archaos. Warm est une sorte d'installation lumière qu'on a pensé avec Babi pour Fred et Alex, deux acrobates main à main (porteur et voltigeur). L'idée étant de plonger leur duo corps à corps dans la chaleur. Les 120 projos s'allument et chauffent l'air. Il fait 50° sur le plateau, 35 dans la salle. Pour Warm, j'ai demandé à Ronan d'écrire un poème érotique pour Virginie-comédienne. Le truc c'est que là, en ce moment, elle est enceinte jusqu'aux yeux. Cela donne vraiment une drôle d'impression : les corps qui s'échauffent, le discours amoureux-érotique, la sueur, la chaleur, la lumière, les chairs qui se mélangent et le corps de Virginie en pleine mutation, en pleine fabrication de matière humaine. C'est étonnant d'un paramètre à l'autre comme le sens d'un spectacle peut changer.
28 octobre 2008
Carte Postale des Possédés.
Avant de les retrouver, ils nous ont fait parvenir leurs impressions de tournée sous la forme d'une carte postale que nous vous livrons telle que.
21 octobre 2008
A propos d'Electronic City
Pour les curieux, vous pourrez écouter Cyril Teste sur France Culture le lundi 27 octobre de 21h à 22h dans l’émission « Comme au théâtre » de Joël Gayot. Vous y entendrez également un entretien avec l’auteur/metteur en scène Falk Richter enregistré lors de la dernière édition du festival d’Avignon, dont une partie des textes qui constituent Das System a été portée à la scène par Stanislas Nordey.
Egalement disponible, une interview de Cyril Teste publiée dans le journal La Terrasse et des critiques du spectacle sur le site Les Trois Coups, sur Mouvement, le Monde et Libération.