28 mai 2009




13 mai 2009

VIVARIUM STUDIO – REVUE 1 est un espace scénographié, réplique d’une galerie d’art ouverte à toutes formes d’interventions ponctuelles présentées dans une ambiance décontractée chère à l’esprit du Vivarium Studio. Prolongeant l’idée d’un laboratoire à la fois artistique et convivial, Philippe Quesne invite des artistes de toutes disciplines confondues, à parler de leur travail en cours, présenter un film ou un échantillon de leur prochaine création, donner un concert ou intervenir librement dans sa REVUE 1.

LE PROGRAMME DU VENDREDI 15

18h : vernissage autour d’un apéritif et de quelques huîtres avec jusqu’à 20h : Rodolphe Auté (diaporama), Karelle Ménine (entretien avec Hermès), Alix Eynaudi et Agata Maszkiewicz (projection « the visitants »), Dr Ferrand & Mister Rébus (intervention musicale), Antoine Defoort, Ivana Müller, Nature Theater of Oklahoma (rendez-vous Skype)…

De 21h à 23h : « une conférence » film de Hollis Frampton proposé par Miles Mc Kane (association MIRE – cinéma expérimental), concert de Gérald Kurdian / This Is The Hello Monster, catch de dessinateurs (John Super Waine, El Pepito, Louis Vengeur et Golden Panda)…

LE PROGRAMME DU SAMEDI 16

18h : vernissage autour d’un apéritif avec jusqu’à 20h : Martin Argyroglo (diaporama), Bettina Atala (bande annonce « saison 1 épisode 2 »), Samuel Bianchini, Joanna Warsza, Gion Capeder, Snæbjörn Brynjarsson, Hop là nous vivons (rendez-vous Skype)…

De 21h à 23h : concerts de The Patriotic Sunday et Subtle Tunrhips, performance de Rodolphe Auté, projection de films 16 mm d’Anthony Mac Call et Gordon Matta Clark proposées par l’association MIRE…
(programme susceptible de modifications)

11 mai 2009

Invité par David Bobee, Marc Morvan, alias DJ MM s’associe à DJ Ombremor pour diffuser un mix rock pop festif le samedi 16 mai à partir de 0h30 dans le bar du lieu unique. Marc Morvan viendra démontrer que sa discothèque sait faire tourner les jambes et danser les têtes à coup de sélection soul ou hip hop entrecoupées de techno-pop.
En attendant vous pouvez écouter deux titres du premier album qu’il signe avec Ben Jarry.Une facette beaucoup plus soft de son talent !


en écoute : Emily



en écoute : The Magical Gloves Of K.S.



Aussi dissemblables que complémentaires, les deux Nantais Marc Morvan & Ben Jarry (ex 3 Guys Never In et Moesgaard) se sont alliés pour enregistrer Udolpho, un premier album qui souffle doucement sur les braises du folk mélancolique pour en raviver la flamme. Une guitare acoustique, un violoncelle, des cordes discrètes, une voix chaleureuse et élégante donnent à leurs compositions de haute volée des allures de classiques intemporels. Une superbe révélation. Invités à l’émission « Table d’hôtes » de la radio Jet FM, Marc Morvan et Ben Jarry interprèteront quelques titres en direct du bar du lieu unique le vendredi 15 mai entre 18h et 19h30.

7 mai 2009

« Jean Gabriel Périot réalise des courts métrages. Il propose un regard très sensible sur des images d'archives montées, associées, recadrées. Un regard diagonal qui s'exerce sur les hors champs de l'Histoire. Une révolte dense, une colère intérieure en forme de déclaration d'amour meurtri. Son sens de l'engagement laisse toute sa place à l'imaginaire, il sait déployer du temps et de la beauté pour mieux résister à la cruauté du monde tel qu'il ne va pas. Ses images serviront de « pré-texte » au travail que nous allons mener au lieu unique pour OBJECTIF L.U.... »
David Bobee

6 mai 2009

Thomas Ferrand, invité par David Bobee, prend possession d’un atelier du 1er étage où il donnera à voir les 15 et 16 mai une installation sonore et visuelle : France.

« J’ai voulu inviter Thomas Ferrand dans le cadre de cette carte blanche au lieu unique. Thomas affirme un univers perturbant qui relie le théâtre, le son, la philosophie, la performance, la politique... Rien ne peut l’enfermer. Avec sa compagnie Projet Libéral, il s’amuse detout, questionne le réel à grands coups de tête et ça fait du bien. »
David Bobee

« Pendant les répétitions d’Idiot cherche village, j’avais une obsession : figer des corps à la verticale et faire du « gros son ». Juste ça. Je pouvais rester des heures à regarder une posture pendant qu’un musicien exécutait sa partition. UnHamlet de moins et TA GUEULE m’ont permis d’aller dans cette direction et de faire ce genre de sculptures vivantes inspirées de la photographie plasticienne. Avec France c’est pareil : pratiquement plus d’action, plus de textes, plus de « pré-textes », plus d’ambitions. J’ai voulu une dramaturgie qui soit uniquement sonore. Et qu’une ride soit un événement. Que le son devienne le paysage mental des figures que j’ai choisies de figer. Autrefaçon d’envisager la mimésis. Autre police narrative. Ce n’est pas une pièce, pas un projet, tout juste un test… Aaargh ! »
Thomas Ferrand

5 mai 2009

Le collectif MxM crée actuellement au lieu unique une performance /lecture électro [.0 ] qui sera dévoilée les 15 et 16 mai pendant OBEJCTIF L.U. . A l’égal du son et des voix, la lumière, la vidéo et la scénographie composent un environnement alliant perception et sensation…

« Un mois de composition autarcique et c'est parti pour le couloir [.0 ]... je file à Nantes pour la dernière ligne droite... un vieux fantasme, tenter d'insérer de la voix (parlé chanté) dans un mix techno interactif et énergique… faire bouger le corps, solliciter la tête... éviter quelque peu le solennel du théâtre avec la même ambition du sens...
Voici un mix galop d’essai de 45 minutes ; matières à modeler avec l'arrivée des voix d'Alexandra et de Cyril... Les 15 et 16 mai, ici même au lieu unique, la version avec les voix... »
Nihil Bordures (musicien)

en écoute : [.0 ] galop d’essai










2 mai 2009

L’installation vidéo « Punch screen » de Patrick Laffont sera visible les 15 et 16 mai
au lieu unique.

« J’ai découvert le travail de Patrick Laffont il y a 10 ans environ sur Marseille lors d’un spectacle de danse avec la Cie Skalen. A ce jour nous nous sommes rencontrés tant artistiquement qu’humainement puisque actuellement il crée entre autre au sein du Collectif MxM. Son travail personnel en mon sens s’axe sur une relation physique à l’image / ici la sensation dépasse largement la notion de concept…laissant s’écouler le temps à travers ses différents dispositifs, ses différentes images mise en situation…notion qui me semble essentielle dans l’approche de cet outil, si l’on désire établir une relation intime avec l’image
Si l’on désire s’émanciper de l’outil vidéo en tant que tel…Je voulais donc aujourd’hui l’inviter avec une de ses installations vidéo, pour faire partager au public mon sentiment…
»
Cyril Teste


Punch screen
« c'est violent
c'est l'expression de la violence
c'est l'expression de la violence en image
c'est l'expression de l'image de la violence sur son support même
ça ne casse pas
ça ne bouge pas
ça encaisse
comme on encaisse.
»
Patrick Laffont

30 avril 2009


28 avril 2009

Avant de retrouver Philippe Quesne et le Vivarium Studio pendant Objectif L.U. les 15 et 16 mai, revenons sur le spectacle la Mélancolie des Dragons à travers le regard d’un spectateur, Michel.

photo prise pendant le montage du spectacle

« Difficile de raconter l’inracontable. « La Mélancolie des Dragons » est une histoire qui se vit en direct. Il faut un autre talent pour dire l’improbable. Peut-être avec des mots feutrés, des signes esquissés, des phrases volages sans ponctuation, avec des effets spéciaux, de l’encre sympathique, avec aussi une cantate de Carl Orff ou un blues rocailleux de John Lee Hooker en éléments sonores. Peut-être faut-il créer un texte palimpseste. Être là simplement, vivre cette mélancolie là parait un cadeau précieux. Quand cinq dragons noirs, immenses, se balancent doucement, nonchalamment, je suis avec eux, dans un mouvement très doux, de pure poésie et il n’est plus question de bout de ficelle. Je sais maintenant que cette scène là en Juillet, le mistral me l’avait confisquée. Comment ai-je pu oublier ces pépites accumulées ? « Still loving you » en direct avec une flûte et une guitare sèche, chant des bas fonds, recours ultime des gens de peu. Une musique qui parle au corps, Scorpions ne l’avait peut-être pas imaginé comme cela mais qu’importe… Mais est-ce bien raisonnable de faire l’inventaire de ces bouts de « truc » aussi émouvants soient-ils, les voiles de fumée suggèrent tant de possibles. Philippe Quesne et le Vivarium viennent de m’embarquer, une fois encore, dans une bien belle histoire. »

photo prise pendant le montage du spectacle

16 avril 2009

Expédition en Petite Amazonie avec le Vivarium Studio.

3 avril 2009, 14h00, cap sur l’Amazonie, mais la Petite Amazonie, à Nantes, dans le quartier Malakoff. Il s’agit d’un espace sauvage situé sur l'ancienne "Prairie de Mauves". Espace classé en zone Natura 2000 pour la richesse de sa faune et de sa flore. De nombreuses espèces d’oiseaux et d’insectes y sont répertoriées. L’équipe du Vivarium Studio souhaite pour ses expériences en milieux naturels visiter cette zone marécageuse. Un guide de la LPO (Ligue de Protection des Oiseaux), Aymeric Mousseau, nous accompagne.


Bottes aux pieds et jumelles à la main, nous vadrouillons dans les prairies à la rencontre des vaches écossaises, gardiennes des lieux, et des oiseaux qui, eux, se font discrets. Philippe Quesne en profite pour faire quelques clichés insolites dans l’esprit des trois livrets disponibles à la librairie Vent d’Ouest au lieu unique : actions en milieu naturel, petites réflexions sur la présence de la nature en milieu urbain et thinking about the end of the world in costume by the sea (Vivarium Studio / collection conséquences).



17h30 : retour au lieu unique pour se préparer à jouer la dernière représentation de La Mélancolie des dragons. De l’hémisphère sud nous passons à l’hémisphère nord !



9 avril 2009

Philippe Quesne / Vivarium Studio présentait La Mélancolie des Dragons pendant quatre soirées au Lieu Unique. A cette occasion, les étudiants de l’École des Beaux-Arts de Nantes sont venus le rencontrer. Les étudiants découvrent le décor en cours d’installation. L’équipe technique se trouve dans la salle d’exposition attenante, sous une bâche en plastique. On dirait un sas de décontamination. L’idée plait à Philippe Quesne. Le décor est blanc, le sol neigeux de coton inonde la scène d’une vague de froid. Une voiture, une remorque, des arbres enneigés. Philippe Quesne explique qu’il ne transporte pas tout le décor dans chaque ville. Certains éléments comme les branches, sont récupérés sur chaque lieu et bombés de fausse neige. Le tapis de coton s’adapte à plusieurs sortes de scène. « Lorsqu’on a joué cette pièce à Avignon, explique-t-il, nous étions en extérieur, c’était l’été, ça donne une autre dimension à ce décor ! C’était en parfait décalage ! Chaque fois, le décor prend un sens différent en fonction du lieu. » Une étudiante reconnaît la voiture présente dans « l’Effet de Serge ». Philippe explique qu’ils la trimballent de spectacle en spectacle et de ville en ville. Ils aiment reprendre des éléments des spectacles précédents, comme des compagnons de route, des fils rouges, des ingrédients du passé qu’on incorpore.

Suite à cet échange il leur propose de participer à la performance organisée le jeudi 2 avril dans la galerie de l’École des Beaux-Arts de Nantes. Cette performance, « Échantillons », se déroule en interaction avec le public qui est invité à manipuler une souris d’ordinateur fixée sur une vitrine. À chaque « clic » déclenché par un spectateur, les acteurs illustrent les phrases projetées au mur.

26 mars 2009

Amorcé l'an passé, l'atelier multimédia Nothing Hurts d'après des textes de Falk Richter, mené par Cyril Teste et le collectif MxM, a réuni la même équipe de comédiens et techniciens du spectacle pour prolonger leurs recherches sur la relation comédiens/vidéo.
Les 6 et 7 mars, deux présentations publiques des travaux engagés ont eu lieu.
Voici quelques notes et images pour se replonger dans l'univers angoissant de jeunes gens en plein désarroi.

NOTHING HURTS
HURTS ME
HURTS ME
HURTS…

studio plutôt chaleureux, un fauteuil ici et là, ambiance décontractée...
entrez faites comme chez vous...
prenez une place, installez-vous, faites comme chez vous
vous n’êtes pas chez vous, vous êtes chez eux
chez eux dans leur vie
dans leur vie... commune
interactive, retransmise
commune et neutre, neutre et vide, alors vous êtes chez qui ?
chez vous chez eux chez nous dans ma vie ou dans la tienne dans celle qu’on veut de moi non .. de vous ? non de nous....

format électrochoc, 45 minutes
mettre à plat, exposer des sentiments
mettre à plat exposer des vies
exploser des vies
exposer des sentiments des vies, des sentiments au regard
transmettre et retransmettre l’intérieur et l’interdit, pénétrer les personnalités
pénétrer les personnalités
leur personnalité
votre personnalité
exploser des vies
la personnalité ma personnalité notre personnalité
et l’identité
où est l’identité
identité...
dénaturée, le naturel ennuie
au naturel préférez le surnaturel
comme dans un tableau de Dali,
prenez les sens et extrudez
exploser des vies
exploser vos sens
que reste-t-il ?
électrochoc, 45 minutes
Cyril Teste et ses jeunes acteurs
au jeu parfait de sincérité
particulierement lors de la première
vous emportent dans la facilité du cheminement vers la perversion
de l’état de complicité à celui de voyeurisme
bienvenue prenez une place dans la perte du soi,
dans l’étalage public de l’autre
du modèle
électrochoc, 45 minutes,
voyagez au cœur de l’être
de la perversion du soi
mais heureusement bienvenus,
vous prenez une place chez Cyril Teste
et une issue visible est toujours ouverte
dans son espoir permanent en l’humain
en lieu et place du SURHUMAIN…

Eric

16 mars 2009

Nihil Bordures, compositeur et musicien, travaillant notamment avec Cyril Teste et le collectif MxM, le chorégraphe et danseur Pierre Rigal, a présenté dans le cadre de SONOR – Festival des écoutes radiophoniques – une installation sonore intitulée « Confidences dans un jardin » en écoute sur notre blog.

Nihil compose actuellement l’environnement sonore du projet .O, une performance lecture électro, signée par le collectif MxM et qui sera présentée au lieu unique les 15 et 16 mai prochains.

CONFIDENCES DANS UN JARDIN
Une installation sonore traitant d’une confidence de jardin, celle d’Hélène.
Hélène a 92 ans. Une composition musicale travaille un sous-texte permanent...
La musique nous sert de miroir ; ainsi extrapolée, Hélène en parlant d’elle, parle de nous.
Sollicitations de notre mémoire collective... A l’heure des débats sur la valeur du travail, un écho redoublé d’interrogations sur ce va-et-vient... D’où vient notre propre construction ?...
La place de cet héritage de valeurs directement issues du 19ème siècle... Et puis le vieillissement, l’absence, la solitude et l’humour... Tous ces thèmes défilent durant 28 minutes sur ce mode d’aller retour... En autant de strates de pensées, elle nous apparaît alors paradoxale, terriblement humaine, un miroir étonnant de nous-mêmes.
Nihil Bordures


Chapitre 1 / "rencontre dans un jardin"






Chapitre 2 / "bouleau bouleau"






Chapitre 3 / "que c'est pas vrai..."






Chapitre 4 / "la voiture noire"






Chapitre 5 / "la solitude"






Chapitre 6 / "y a trop d'abus"




10 mars 2009

Samedi 21 et dimanche 22 février, le metteur en scène David Bobee a réuni une dizaine de spectateurs privilégiés, témoins de cette saison particulière, rejoint par quelques comédiens qui travaillaient avec Cyril Teste sur le laboratoire multimédia « Nothing Hurts ».
Deux jours pour se rencontrer, échanger sur les spectacles vus depuis le début de la saison et tenter ensemble des improvisations.


« Immersion dans le travail avec David Bobee.Une partie du groupe des 15 et quelques comédiens du labo Nothing Hurts du collectif MxM se retrouvent pour travailler ensemble !Training dynamique et ça enchaîne : 2 jours de propositions. Une envie individuelle, du son, de la vidéo et une belle lumière lui font rapidement écho, David rebondit. Ok ! Next ! C’était génial ! On se découvre. Des belles surprises, des univers barrés surgissent. Des ponts se créent : découverte des textes de Cyril Teste, réflexions sur l’espace. Les univers se télescopent.Une chouette matière, plein d’énergie, d’envies et de possibles… »
Caroline

3 mars 2009

Les 5, 6 et 7 février dernier, le comédien Laurent Bellambe et la danseuse Florence Deretz, tous deux membres du collectif Les Possédés, ont proposé un atelier théâtre aux élèves du conservatoire d’art dramatique autour d’un texte de Jean Grégor « Tu aurais pu ».
Deux élèves nous font partager leur expérience.

Le collectif Les Possédés joue en ce moment au Théâtre de la Bastille, la pièce de Tchekhov « Oncle Vania », que nous accueillons du 21 au 25 avril prochain.



J’ai particulièrement apprécié ce stage. Les deux intervenants se sont montrés très simples dans leur manière de travailler, très directs, accessibles, ouverts, capables de changer leur programme et de l’adapter sur l’instant en fonction de leur ressenti. Ils travaillent clairement à décloisonner le théâtre des méthodes classiques, allant volontairement à l’encontre de conventions, traditions non par concept mais pour créer, rechercher et bien souvent il est impressionnant de voir les fruits que portent leurs méthodes.

Leur façon de laisser jouer longtemps le(s) comédien(nes) m’a paru particulièrement intéressante face à ce type de texte, dans un rapport souple (qu’ils n’auraient pas eu face à un texte classique), permettant au comédien de dire le texte avec ses mots si besoin. Cela a permis à la fois de créer des ambiances et des moments très forts ressentis comme tels par le groupe.

Le travail sur le corps fut très présent, autant par le travail sur les images que les chorégraphies, ce qui entraîna naturellement durant le jeu une forte présence du corps chez les élèves qui fut très positive à mes yeux, très crédible.

J’ai été frappé par la force de la proposition de faire jouer tous les élèves en même temps sur le plateau et que ceux-ci y soient toujours présents.

J’ai trouvé que les exercices faits durant le stage étaient d’une grande cohérence au vu du filage final, qui permettait de bien comprendre le but de chacun. Enfin je pense que la salle où nous avons travaillé a permis toutes ces choses : « le foyer haut » a eu un rôle prépondérant dans le stage par sa diversité de recoins, l’atmosphère qu’il dégageait.
Maxime.

Le début de ce stage fut un peu dur pour moi, car une grande partie du travail était basée sur l'improvisation. Mais passée la première journée, et grâce au climat d'écoute et de dialogue mis en place par Florence et Laurent, les craintes ont toutes disparues, laissant place à une belle entente, et à un réel échange entre intervenants et élèves. Ces trois jours furent très riches: nous avons inventé, dansé, travaillé, joué; nous nous sommes surpris les uns les autres, le tout dans une bonne humeur qui a donné confiance au groupe.Trop court, trois jours...
Mathilde A.

19 février 2009

En attendant le retour du Vivarium Studio avec le spectacle "La mélancolie des dragons" (du 31 mars au 3 avril), découvrez ce petit film tourné lors d'un séjour au Havre.
Si vous souhaitez prolonger cet instant de poésie, Philippe Quesne et le Vivarium Studio ont publié deux livrets en vente à la librairie Vent d'Ouest au lieu unique : "actions en milieu naturel" et "petites réflexions sur la présence de la nature en milieu urbain" / collection conséquences.
Un troisième livret est en cours de création.

12 février 2009

Du 9 au 12 décembre 2008, nous avons accueilli Philippe Quesne et son Vivarium studio avec le spectacle «L’Effet de Serge ». Des étudiants de l’école des beaux-arts ainsi que trois spectateurs témoins de toute la saison théâtre étaient invités à « jouer » les amis de Serge. Nous publions le regard en coulisse de Michel, un ami nantais de Serge.

Mardi 09 décembre 2008
« L’Effet de Serge ».
C’est un spectacle proposé par Philippe Quesne. L’événement se déroule au lieu unique. Cet été j’avais été séduit par « La Mélancolie des Dragons » dans le Cloître des Célestins en Avignon, un jour de mistral. Aujourd’hui, j’ai l’occasion d’assister à la représentation « in-vitro », dans les coulisses. Avec Camille, avec Marilyn, avec les étudiants de l’école des beaux-arts et avec l’équipe du Vivarium, nous allons alimenter l’imaginaire de Serge. Je serai un des amis, spectateur amusé, éphémère des spectacles organisés les dimanches après-midi.
(…)
Deuxième acte, hier soir. J’entre dans le grand atelier. On installe le décor. A cour la caisse d’un chien. Derrière le lieu de Serge, je retrouve la voiture de « La Mélancolie ». Tout en haut des gradins devant la table de régie Philippe Quesne qui m’accueille chaleureusement. Erreur d’horaire, j’ai du temps. Nous nous retrouverons plus tard. Passage par la librairie Vent d’Ouest, un café, « La Folie Silaz » d’Hélène Lenoir. Arrivée de Camille, puis de Marilyn. Retour dans le grand Atelier. Nous retrouvons le plateau, l’équipe du Vivarium Studio. Parmi eux, Isabelle nous attendait calmement.

Elle nous emmène en haut des gradins pour un regard croisé : le décor face à nous, le spectacle en vidéo sur ordinateur. Présentation du propos, ce que l’on attend de nous, quand et comment nous devons intervenir. Ce n’est pas compliqué ne cesse de répéter Philippe Quesne, nous verrons cela demain plus en détails…

Mercredi 10 décembre 2008
Grand atelier, 16 heures Espace feutré, les gradins sur le côté recouverts d’un tissu noir Serge-Gaëtan s’affaire dans sa pièce blanche, dépouillée, sans images superflues, assez neutre finalement

A jardin, une table de ping-pong recouverte d’objets hétéroclites :
Une télé, des fils électriques, une raquette, des boîtes de chips, du papier ruban, des piles, des petites fiches cartonnées, un cahier…
A cour, une porte vers l’extérieur.
Entre les deux, un panneau vitré laisse entrevoir une forêt
Automne, les feuilles jonchent le sol.
L’équipe se présente au complet :
Isabelle, Zinn, Tristan, Rodolphe et Hermès le chien.
Discussion feutrée, rien de vraiment important
Tout en haut, Philippe toujours derrière sa console règle quelques effets
Avant de nous rejoindre.
Quelques étudiants arrivent impatients.
Camille l’étudiante et Marilyn l’actrice, sont là,
Il n’y a plus qu’à…
Mise au point de nos interventions.
Première séquence
L’apparition de la voiture derrière la baie vitrée, les coussins au sol,
Wagner, chevauchée des éclairs, crépuscule de clignotants
Jeu de klaxon, retour de la lumière
Marilyn mâchouillant son chewing-gum, d’abord interdite
Puis les mots, puis Philippe,
Calme, tranquille,
Conseils, suggestions.
Voiture disparue, regards vers la forêt, espace de nouveau vierge.
Deuxième séquence
Camille, seule avec Serge au nez ensanglanté, écrabouillé, enrubanné,

Elle, pas timide, juste réservée,
Un sourire doux, le geste discret.
Proposition, jeu laser, figures au mur, variation des images aux rebonds de la phrase musicale.
Des photos témoins à revoir plus tard
Elle, enthousiaste, lui, impassible
Elle oserait peut-être, il reste retranché
Un baiser entrevu et déjà perdu
Elle partie, lui de nouveau seul !
Comme dans la chanson, peut-être une autre « Passante »
Dernière séquence.
Ils reviennent tous, les amis du dimanche soir,
Tout un groupe dont je fais partie, spectacle pyrotechnique.
Gène, conversations croisées, éviter le brouhaha, les mots s’envolent
Hermès le chien est là comme dans la Mélancolie des Dragons
Impatient d’être sur scène
Autres conseils de Philippe, toujours aussi tranquille, serein, précis
Tout est possible mais on ne mélange pas les histoires…
Fin de la répétition à 17h30,
Retour vers 20 heures.
Temps toujours feutré, pas d’effervescence apparente
20 heures 25, entrée des spectateurs.
Une aventure commence,
Effet bizarre d’être un élément d’un puzzle
L’envers du décor, les aboiements d’un chien vont rythmer nos interventions
L’aventure prend des saveurs différées selon que l’on soit devant ou derrière les déambulations de Serge.
À suivre…

Samedi 13 décembre 2008
Je ne verrai pas le spectacle des gradins.
Du lundi au vendredi j’ai « fait l’acteur ».
Et, comme à chaque fois dans cette situation-là,
Je me suis imposé quelques rituels:
Etre là tôt, dès 20 heures cette semaine,
Traîner, humer l’air du temps dans le vivarium de Serge
Faire une forme d’inventaire des objets en attente sur la table de ping-pong
Chaque jour je m’attarde sur l’un d’entr’eux,
Les pizzas sont déjà là
Isabelle viendra les découper avec une paire de ciseaux un peu plus tard.
Consulter les livres empilés en bas du mur;
Je ne suis pas surpris par la présence de Beckett et de Perec,
Modiano aurait pu être là aussi
J’ai déjà oublié les autres auteurs.
La moquette, qui n’est pas fixée, a été nettoyée, balayée, aspirée.
Dernier plan fixe, balayage panoramique de la pièce vers les gradins encore vides.
Sortir par la baie vitrée
M’attarder au niveau de la forêt, des lauriers palmes fixés dans des tubes en ferraille
A leurs pieds des buissons du genre « Abélia » qui se dessèchent déjà
Ont-ils des contraintes avec la consigne anti-feu?
Associer les objets derrière la maison avec leur fonction dans le spectacle,
Le vélo de dame avec son siège-bébé.
Isabelle l’utilisera deux fois.
La voiture; une AX Citroën avec des traces de neige,
Tristan s’installera par la porte de droite, suivi par Marilyn
L’escabeau, les chaises, les perruques au bout de leur fil pour la scène finale
Le casque de moto pour Zinn en livreur de Pizza
L’autre casque de cosmonaute pour l’entrée de Serge.
Je dépose mon manteau et mon sac sur la chaise, qui deviendra la mienne.
Rejoindre les autres dans les loges.
(...)

Je retrouve Gaëtan, Isabelle sur le plateau pour les derniers préparatifs
Philippe viendra lui fixer le micro avec un morceau de ruban adhésif.
Le public va entrer, nous devons disparaitre.
Un regard suspendu vers les gradins vides
Sensation complexe, heureux d’être là, une pièce de lego dans un jeu d’illusions, étonné d’être encore émerveillé par ces histoires là, troublé aussi par la présence de quelques uns parmi les spectateurs, un peu inquiet sur le jeu à venir, ne pas décevoir, ne pas me décevoir, les dés sont jetés, le vin est tiré, grande confiance en Philippe et son équipe, il n’y a plus qu’à...
Il n’y a plus qu’à! Alors tranquillement je regagne l’envers du décor. Chacun à sa place, Isabelle en garde fidèle, toujours présente, Zinn plus en mouvement, disparaît, revient, s’allonge, intervient, repart.

Très vite, nous nous sommes appropriés un lieu d’attente. Marilyn dans le coin le plus sombre, puis Camille, comme un poisson dans l’eau dans une aventure nouvelle pour elle. Manifestement elle vit pleinement le fait d’être là. Les étudiants de l’école des beaux-arts, qui se sont succédés chaque jour, seront plus en errance. Chacun se met en mouvement à un moment précis pour intervenir aux aboiements d’un chien. Les premiers jours je capte des images avec mon appareil reflex: les reflets bleutés sur la voiture, l’attente de Gaëtan, les jeux de fumées dans les arbres, la ronde des visiteurs, l’embrasement de la danse des perruques en bouquet final. J’oublie que la mise au point automatique de l’appareil fait apparaître une légère lueur, intolérable dans les instants d’obscurité, Gaëtan me fait la remarque, je range l’appareil. Les autres jours cela voyage dans ma tête, un peu étranger au climat ambiant. Tous les signes d’angoisse, de fébrilité se sont évaporés. Les tensions engendrées par les aléas du quotidien sont rangées dans une autre sphère.
(…)

« Le temps passe, le temps passe nous sommes maintenant un autre dimanche ». Séquence: effets de lumières sur une musique de Wagner. Je reprends contact avec l’immédiat, avec mon urgence. Dans quelques minutes je serai physiquement concerné. J’entre alors en mouvement. Il me faut bouger, mettre le corps en tension, les sens en éveil. Les choses ont avancé, nous en sommes à l’intervention de Camille chez Serge. Je déambule sur la bande de tapis en fond de plateau. Des pas, tours, demi-tours, flexion, accélérer, regarder, être présent, se sentir pleinement vivant, attentif au moindre signe, conscient de toutes les consignes. Arrêt de la musique je retrouve ma chaise enfile mon manteau, redresse le col comme au milieu de l’hiver. Le chien suivant peut se manifester, je suis prêt. J’attends. Le chien a aboyé, j’avance, j’aperçois des gens au premier rang. Regard vers Serge, attente des autres, Isabelle et son vélo, la voiture, enfin Camille et son paquet cadeau. Rodolphe et Hermès nous rejoignent chez Serge; la vivacité du chien me fait sourire, je ne suis pas le seul dans le public on apprécie aussi. Tout s’enchaîne. Spectacle: effets pyrotechniques sur une musique de Vic Chesnutt. Je suis, je fais, je vis, j’existe, je raconte la séquence à Zinn arrivé en retard, je mange une part de pizza. Regard sur Isabelle, heure du départ, un dernier au revoir. Fin de l’intervention.

Bientôt l’embrasement des perruques, bientôt les saluts, deux rappels seulement. Ils ont le sourire discret, encore sous le charme. Ils quittent la salle. Nous, nous reverrons demain.

Textes et photos : Michel.

30 janvier 2009

Entre deux répétitions de "Merlin", leur prochaine création, le Collectif Les Possédés nous a fait parvenir une carte postale de Brest où ils étaient invités à jouer leur spectacle "Derniers remords avant l'oubli".
Début février, deux membres du collectif vont mener un atelier avec les élèves du Conservatoire d'Art Dramatique de Nantes.
Nous les retrouverons fin avril, du 21 au 25, avec un autre spectacle "Oncle Vania".

A Lanildut ‹ Finistère ‹ on cherche un cheval pour Arthur dans Merlin.



Nous jouons "derniers remords" à Brest, au Quartz. Hier après le spectacle nous avons rencontré un public chaleureux et enthousiaste.
Ensuite, un incontournable, un restaurant de crustacés. A peine avait-on terminé nos araignées que chacun voulait déjà revenir le lendemain. On irait presque manger au "crabe marteau" tous les jours mais on n'a pas prévu assez de vêtements de rechange. Les coups de marteau sur les pattes des crabes qui permettent de libérer la chair, créent des dommages collatéraux. Pas de blessés, des tâches.
Il y eut un instant suspendu quand Le Bolloch et Solo sont entrés là. La table des Possédés s'est mise en mode pause pour observer avec attention ces fameux acteurs. Certains avec envie ou encore une teinte de mépris, d'autres avec respect.
Alors, la moitié de l'araignée de Nadir, dans un dernier sursaut, profitant de cette trêve du marteau, se traîna hors de son assiette. Celui-ci se mît à pousser un petit cri sur-aigu semblable au son qu'elle-même produit quand on l'ébouillante vivante. Le petit cri envahît le restaurant comme une brume soudaine. Nos sens étaient troublés.
Yvan et Bruno mettaient des pièces dans une machine à café imaginaire; David s'était mis une huître sur le nez pour faire Cyrano; Katja et Rodolphe chantaient "j'ai encore rêvé d'elle"; Marie et Juju avaient disparu; Willou changeait toutes les ampoules du restaurant et moi je tenais par ses pinces énormes un homard noir sur mes genoux.
C'est le claquement du volet de ma chambre qui m'a réveillé ‹ ces chambres dans les combles du manoir de Kéroual où nous sommes logés. La lune était encore haute et étincelait entre les branches d'un chêne gigantesque du parc envahi de lapins.

Tout le monde va bien, la tournée continue.

bons baisers des Possédés

16 janvier 2009

A quelques jours de la première de la nouvelle création de David Bobee et Ronan Chéneau, Nos enfants nous font peur quand on les croise dans la rue, nous publions quelques photos de répétition ainsi que les impressions de Thierry, un spectateur actif et passionné, qui s’est engagé sur toute la saison. Le spectacle Nos enfants… est créé le 24 janvier au Théâtre de Gennevilliers et sera au lieu unique les 17 et 18 mars 2009.


Jeudi 18 décembre

Après la découverte de Fées, mon coup de cœur de la saison passée, et récemment de Cannibales, c’est avec enthousiasme que j’ai accepté la proposition d’assister à une répétition de la création en cours du groupe Rictus : Nos enfants nous font peur quand on les croise dans la rue.
Une journée de congé pas comme les autres…

Train à 11H accompagnés de Philippa et Caroline du lieu unique, nous arrivons au théâtre de Gennevilliers, lieu de résidence où la création sera présentée mi-janvier, vers 14H, pour n’en ressortir que quelques heures plus tard. Entre temps, nous avons découvert le premier filage complet qui servira de base pour les quinze jours de travail restants avant la création.

Un premier filage, de plus de 2 heures, arrêté parfois par le metteur en scène David Bobbée. Déjà des impressions très fortes sans prise de notes pour profiter de chaque mot, de chaque image, pour que la découverte soit totale et exhaustive. Une pause, un café, un chocolat au bar du coin pour se réchauffer (les lieux de travail des artistes sont toujours peu chauffés !) et surtout échanger entre nous, la lieu unique’s band (ceux cités plus haut ainsi que Karine et François), sur nos premiers ressentis. Unanimité sur la qualité de ce qui n’est encore qu’une version de travail, mais aussi sur les faiblesses de certaines scènes, sur les doutes sur la pertinence des interventions de Ronan Chéneau (l’auteur). Chacun donne son avis, évoque ses émotions vécues, ses doutes, mais pas le temps de philosopher sur le pourquoi du comment, un nouveau rendez-vous nous attend : un deuxième filage sans interruption – un autre regard - un stylo à la main, des pages noircies, des extraits du texte, des digressions …

Le théâtre du groupe Rictus est sans aucun doute politique et contemporain : la création en cours ne fait pas exception. Après une pause plus ‘légère’ (dixit Ronan) avec Cannibales, (je dirai plutôt plus onirique), ils reviennent avec un texte fort, voire violent, et tellement contemporain qu’il parle d’aujourd’hui, de la crise, de demain, des banlieues, de l’Afrique, de la politique du gouvernement Sarkozy, des expulsions, autant de sujets qui, inévitablement, déclencheront l’ire de leurs détracteurs et de nombreux autres : tendre un miroir à ces contemporains est aujourd’hui une démarche artistique politique, donc risquée.

...au micro Ronan Chéneau, l’auteur, nous parle de Ronan Chéneau, l’auteur incapable d’écrire le moindre dialogue, l’auteur de ‘textes jetables comme une capote ou des Kleenex’, première intervention de l’auteur qui sera suivie de trois autres. C’est une volonté de David de le faire intervenir pour que quelqu’un puisse s’adresser directement au public et dire ‘je’, je sais que tout cela n’est que du théâtre, pour désacraliser, pour montrer le processus de création. Malgré ces explications les premières interventions semblent déconnectées du propos, même si leur sincérité paraît évidente lorsque l’on a déjà eu l’occasion d’échanger avec Ronan. Est-ce justement le Je qui enlève au texte cette densité qu’il a dans la bouche des comédiens ? il faut attendre la troisième intervention, un texte sur son voyage en Afrique, au Congo, avec David, une découverte, les peurs de ‘l’homme blanc’ avec son bagage de clichés sur l’Afrique, aussi sur leur rencontre avec des artistes locaux, des chorégraphes et danseurs notamment, et, là, justesse des propos sur ces artistes qui doivent mener un ‘sacré combat’ pour que la danse contemporaine en Afrique, pour prouver que la danse africaine peut être contemporaine, les difficultés d’existence de cette danse dans son pays, sur son continent et surtout ailleurs…

Un décor métallique du sol, aux murs qui lorsque les panneaux s’ouvrent deviennent des espaces de circulation des couloirs d’où s’échappent des voyageurs pressés, nous sommes dans une salle d’aéroport. Autant le dire tout de suite, la scénographie, le son, la vidéo et la gestion de l’espace avec cette circulation latérale entre ces murs/portes sont irréprochables.

Scène d’ouverture intense, un homme noir seul dans cet espace (un agent d’entretien ?), un playback sur une chanson d’Aznavour ‘Emmenez-moi au bout de la terre…’, certes envie de tout touriste présent dans un aéroport, mais déjà un doute une incertitude une ambiguïté, l’image des charters, des reconduites.

Clarisse (comédienne) au micro ‘j’habite une ville moyenne, une ville sclérosée dans un pays fatigué’, le mur du fond devient écran géant pour un panorama urbain : un premier texte politique et fort qui nous embarque déjà loin suivi par une intervention des danseurs congolais rejoints par les acteurs qui investissent le plateau un à un, observateurs ? indifférents ? avant de rejoindre les danseurs dans une chorégraphie puissante : le spectateur décolle.

Un texte, un questionnement sur l’identité française, une série de questions (au spectateur d’y répondre … ça commence à faire mal), suivie d’une autre sur la peur, les peurs ‘avez-vous peur des agressions ? avez-vous peur des accidents ? avez-vous peurs des jeunes ?‘ qui nous renvoie à cette politique de la peur pratiquée par tellement de politiciens aux quatre coins du monde.

Une vidéo, une histoire d’amour franco-congolaise, elle, française dans cet espace, lui, sur l’écran incrusté dans un paysage urbain, pour le toucher elle ne peut que caresser son image, réussiront-ils à se retrouver ? (ils le feront un peu plus tard, mais est-ce réaliste ? échanges avec David, Ronan et l’équipe, recherche de possibilités : il ne faudrait pas qu’il y ait de contact physique sur scène – il faudra attendre la présentation en mars au lu pour connaître la réponse choisie pour cette histoire d’amour).

Ronan au micro ‘suis-je légitime ? est-ce si difficile d’écrire ? à quoi ça sert le théâtre contemporain ?’, interrogations également sur les motivations d’un programmateur complétées par un name-dropping gratuit et inapproprié (et finalement pas si méchant que cela !) ‘qui aime le théâtre d’Adjani ? qui aime le théâtre de Marie-France Pisier ? qui aime Bénabar ?’

Un autre comédien un autre texte sur la peur de l’autre la peur de l’avenir ‘j’ai peur de ce qui va arriver ? j’ai peur des jeunes qui trainent dans la rue ?’
rejoint sur scène par tous les autres qui se resserrent un à un autour de lui avant l’arrivée d’un CRS, le sauveur ?! à politique de la peur réponse musclée, envie de désamorcer la violence d’une telle image ? pour mettre un peu de douceur dans un monde de brute ? le CRS entame devant nous progressivement une caricature de danse classique.
Meilleure séquence que lors du premier filage mais manque encore de rythme (nouvelle séquence quasiment improvisée nous apprend plus tard David, on comprend mieux son côté bancal) elle est de toute façon franchement casse-gueule, soit elle emporte le public et il se marre, soit cela ne sera finalement qu’un moment ridiculement caricatural.

Troisième intervention de Ronan déjà évoquée en préambule, la plus intéressante par le texte dit, mais paradoxalement l’action sur scène n’est alors pas très pertinente : pas d’objectif, certes, d’illustrer le texte mais la présence des danseurs simulant une séance de répétitions, pas une véritable séquence chorégraphiée . Quel intérêt ?La même scène avec le texte dit en voix-off permettrait peut être une focalisation exclusive sur les danseurs – intéressé par le texte je ne les regardais plus, regard et écoute sur Ronan.

L’histoire d’amour franco-congolais, nouvel épisode, moment bouleversant et d’une violence extrême . Une vidéo, un prélude amoureux deux amants se caressent se déshabillent et lorsque que les gestes deviennent trop intimes il se produit une distorsion violente du son et de l’image.
Interdit des gestes les plus intimes et naturels entre les deux amants parce qu’elle est française, parce qu’il est congolais.

Pas le temps de laisser retomber l’émotion, un texte sur les expulsions, les vols retours, les reconduites, la violence physique mise en œuvre, les techniques enseignées pour obtenir un corps (un objet ?) inerte facilement transportable ‘et la personne ne pèse plus rien’.

Un peu d’onirisme façon « Cannibales » pour nous laisser souffler ? Un comédien une chanson live l’espace se remplit de valises de vêtements des gens dansent bougent un acrobate se retrouve au mat un autre dans une roue, le temps est suspendu…Est-ce le seul objectif de cette scène ? Une suspension, une transition : finalement vide de sens d’autant plus que ce qui suit à la force des textes précédents, pourquoi vouloir à tout prix reposer les spectateurs en créant un tel intermède artificiel et long ?

Une vidéo un autre panorama (toujours d’aussi bonne qualité) un texte sur la résistance ‘est-ce encore possible ?’ accompagné sur scène par le solo d’un danseur ‘les minorités absentes des médias’ ‘les enfants hurlent’ ‘se suicident en prison’ ‘plutôt que d’être oublié’ on est revenu dans le vif du sujet, ça fait toujours aussi mal.

Cartoonesque et grinçante séquence jeu vidéo sur le tapis roulant ‘game over’ après l’apparition du crs, interrogation sur l’identité, surtout depuis la création de ce ministère de l’identité nationale, notion gérée, administrée.
N’avons-nous plus le droit d’avoir une identité différente de celle définie par une loi ?
Contre-pied de cette terrible question, une Marseillaise débridée qui se termine dans un bain de sang, une fusillade.Discours du terroriste justifiant son geste, la peur, les peurs, l’identité, son identité menacée, succession de lieux communs que l’on entend malheureusement trop souvent (dommage que cette intervention soit plombée par l’agonie caricaturale de certains des ‘mourants’) on rit plus des gesticulations stupides que de l’humour grinçant du texte.

Intervention touchante, carrément bouleversante ? d’un comédien qui semble si peu sûr de lui mais finalement très juste.
Il interrompt le discours pseudo-fascisant sans avoir les mots mais sachant qu’’il ne faut pas dire ça, pas comme ça’ ‘moi j’ai pas les mots’ ‘l’égalité elle est où ?’ ‘où on va’ (avec de tels propos) il invective l’auteur ‘c’est quoi ton délire’ avant de sortir de scène pour s’avancer vers les spectateurs ‘où on va’ avec de tels propos, avec un gouvernement qui emprisonne les jeunes dès 12 ans, qui autorise les psychotropes pour les enfants dès 4 ans, pour le fichage de l’appartenance sexuelle, qui envoie les flics à la sortie des écoles, dans les écoles. ‘quand est-ce qu’on se réveille’ ‘ils sont où ceux qui savent dire’.

Un mouvement de groupe, comédiens et danseurs simulent une émeute. La violence devient danse de groupe intense et tout aussi violente, plus suggérée que montrée (époustouflant)…les larmes aux yeux, cela m’évoque une image de Foi de Sidi Larbi Cherkaoui.

Peut être la fin…

Non, Clarisse au micro un dernier panorama de paysage urbain pas de visage.
Le texte évoque l’immigration ses nouvelles règles l’apprentissage de la Marseillaise et de l’histoire de France obligatoires
‘est-ce l’urgence lorsque l’on arrive du Kosovo ?’
‘la France c’est qui ?’

NB : toutes les phrases ou expressions entre guillemets et en italique sont des citations du texte de Ronan reproduites avec le plus de fidélité possible.


Il est plus de 20H, les scènes fortes le sont toujours autant
Les échanges vont reprendre autour d’un verre puis d’un dîner et déjà l’impatience de voir une troisième version, de la confronter à cette séance de travail, à ces réponses aux interrogations, aux interrogations qui subsistent, avec cette certitude de vouloir suivre le travail de David l’écriture de Ronan. Est-ce cela l’addiction ?

6 janvier 2009

A l’occasion de l’accueil du spectacle Cannibales mis en scène par David Bobee, le Centre de détention d’Orvault a accueilli une lecture/concert d’extraits du texte de Ronan Chéneau. Trois comédiens (Séverine Ragaigne, Clarisse Texier et David Bobee) et deux musiciens (Marc Morvan et Benjamin Jarry) sont venus donner le vendredi 21 novembre, une interprétation plus intime de Cannibales devant une trentaine de détenus. A la suite de la rencontre avec l’équipe artistique, certains d’entre eux ont fait paraître dans le journal de la prison le témoignage de cette expérience. Nous diffusons quelques-uns de ces textes.

« En allant voir le spectacle je me demandais à quelle sauce j’allais être ‘mangé’.
Et j’ai été ‘mangé’.
‘Mangé’ par le texte, coulant comme une jeunesse qui voit passer le temps. Le déroulement de la vie de ces deux jeunes nous semble comme une partie de ping-pong où chaque balle marque un point. La mi-temps leur permet de se rencontrer et de compter les points… presque en silence.
‘Mangé’ par leur comportement qui les conduit vers leur destin, tels des automates, programmés par tous les coups reçus et qu’ils n’ont pas assimilés, ni donc assumés. Et pourtant la marmite n’aurait peut-être pas bouilli si les échanges de la vie avaient été une potion pour calmer leur regard.
Alors ils se seraient vraiment libérés. » Gérard

Regards croisés (extrait)
« Plus le créateur, plus le metteur en scène, plus le sonorisateur, plus l’éclairagiste,
Tous ces gens sont venus nous dire que nous ne sommes pas seuls en la même quête d’identité.
Et nous leur avons dit qu’il est si bon de l’entendre.
Et ils nous ont regardés et nous les avons regardés,
Regards croisés
En un silence poignant.
Et nous nous sommes compris,
Nous, frères humains. » Momo

Aux artistes
« Nous avons vraiment envie de vous dire merci :
Merci à Ronan Chéneau qui a écrit un texte aussi fort qui s’inscrit dans l’esprit aussi facilement que l’eau sort de sa source.
N’est-ce pas la marque d’une grande attention à la vie. Il décrit les faits et nous amène à la réflexion.Merci aux trois comédiens qui ont su nous faire ressentir les mots jusque dans nos tripes.
Merci aux musiciens et au chanteur qui ont calmé quelque peu les battements de notre cœur.
D’aucun d’entre nous disaient que c’était le plus beau moment de spectacle que nous avons vécu ici.
Merci car vous êtes des porteurs de réflexion pour l’esprit et des sentiments pour les cœurs.
Appétit de la vie.
Appétit de l’esprit. » Gérard